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Bon, ce sera pas un 100% hs car il y aura des photos de mer, et autres dès qu'on peut.

vus à San Remo & Imperia:






L'homme est un être qui aime faire compliqué, un être singulier et Dostoïevski que je viens de commencer, grâce à un éloge dans un commentaire de la Pravda en anglais, et à une vieille dame qui allait se promener à La Napoule la veille de mon départ et le lendemain de la lecture de l'article précité (!), Dostoïevski regarde, apprécie cette singularité avec un regard très intéressant et de haut niveau.

L'homme n'est que rarement ce qu'il parait, comme un Natty Bumpo de Cooper, mais il se pétrit de méandres indéfinis auxquels il donne toutes ses facultés à l'exception de ce qu'il est, de ce qu'il pourrait être s'il voyait sa nature comme elle devrait être vue et non comme un épouvantail dans un champ de bataille déserté. A part les forces physiques, il n'y a aucune force qui graviterait, qui existerait indépendamment de celles que l'homme lui-même met en oeuvre, en ce qui concerne l'humanité.
Donc, comme l'homme aime à se croire ce qu'il n'est pas car il se trouve par bêtise inintéressant tel qu'il est 'naturellement', et la vie qui va avec dont il n'a même pas imaginé ou exploré le moindre détail, par paresse, par tout ce qu'on veut, l'homme aime se créer une image de lui-même qu'il idolâtre avant même de songer à idolâtrer des choses matérielles ou autres.

Et cette idolâtrie est tellement 'naturelle', tellement ancrée en lui par des milliers de générations qui ont perpétuées ce trait qu'il ne peut se considérer autrement que ce qu'il croit aimer être, de ce qu'il se donne comme pièce dans le puzzle d'une société donnée à une époque donnée, donc, l'homme se choisit une place, et la meilleure étant la plus profitable, peu importe le reste, et considère ce rôle qu'il s'est choisi comme son propre soi, son propre avenir, son propre but, sa propre réalité, son 'être' qui éclipse sans dommage, pense t-il - ou pas, l'être véritable (et seul réel) qui est en lui, un peu comme on prend un chien ...

Une telle façon d'être est terrible. Elle engendre sans difficulté des atrocités ainsi qu'un niveau d'existence extrêmement limité, et rabaissé. Quelles que soient les prétentions collective, les rêves individuels, les tentatives d'hommes pour dépasser cette gangue pesante, la réalité vaut un mur de prison par un soir pluvieux à la Tardi.



De là fait que les hommes sont spectateurs, spectateurs d'eux-mêmes et des autres, irresponsables car un spectateur ne peut être considéré comme responsable, non ? Il FAUT un système pour gérer cette irresponsabilité 'cultivée, enseignée, transmise, c'est comme le nom d'une marque devenue un nom commun. Il faut un arbitre pour gérer les différents d'individus irresponsables, qui peuvent faire tout et n'importe quoi.

Quoi, pas de gendarme ? Par pitié, mettez des barreaux autour de moi, j'ai besoin de voir des chaînes, de sentir une oppression. Brrrr. Coupable tant qu'on n'est pas prouvé innocent, hein ?! Et tous solidaires dans cette misère, et pas un ne lèvera le petit doigt pour faire que ça soit plus humain car "ça" n'est ni humain ni animal cette façon d'être, c'est LA FOLIE.



Et si vous regardez bien les visages, les allures, les comportements, surtout dans les villes, mais aussi autrement en campagne, tout est codifié, tout est calculé, les démarches, les intonations, on se croit volontiers au théâtre, ah JB Pocquelin !

Et cette folie de tous les jours, de tous les siècles est partout, habillée de différentes couleurs, de différents jours fériés, fêtés, cette folie dépasse toutes celles que l'on peut voir, comme en 1982, en Turquie juste après la frontière bulgare, j'avais vu dans un vallon loin de tout, un ensemble de bâtiments bas, en crépi autour d'une cour où trônait un énorme, gigantesque tas de fientes de poules, et ces bâtiments étroits, sans fenêtres étaient le poulailler, ET le dortoir des 'valets de poules', si, si, des couches en paille sur les côtés sur deux niveaux, et j'ai vu ces hommes, jeunes pour la plupart, hébétés, en guenilles, comme certaines photos de Corée du Nord, je les avais vu, rassemblés à côté du tas de fumier et répondant à un commissaire de police qui cherchait 3 individus qui nous avaient attaqués la nuit au bord de la route où on se reposaient,

eh bien, cette folie, car c'en est une, n'est que le résultat de celle que je décris + haut. Et cette folie est infiniment plus dangereuse que la folie réelle car il s'agit d'une folie ordinaire, crée et entretenue en permanence. Cette folie est un mensonge, mensonge à soi-même et aux autres, or,

"celui qui ment à soi-même et se laisse prendre à ses propres mensonges en arrive à ne plus percevoir de vérité nulle part, ni en lui, ni autour de lui. Il finit par perdre, pour cette raison, le respect de lui-même et des autres. Ne respectant plus personne, il cesse d'aimer et, pour se distraire et s'amuser, car il est sans amour, il s'adonne aux passions et aux plaisirs grossiers. Il tombe alors dans le vice jusqu'à la bestialité, tout cela parce qu'il ment sans cesse à lui-même et aux autres"
Le staretz Zossima à Fedor Pavlovitch
Dostoievski, Les frères Karamazov


L'humanité a été pourrie par tout un tas de croyances absurdes, et à l'envers de l'évidence, qui font de l'homme un impuissant au regard de forces et de dieux tout puissants. Non, la route soi-disant étroite d'un soi-disant paradis promis à un homme soi-disant faible et 'pêcheur' de naissance ... tissus de bêtises mensongères.

La route est large car c'est celle de la vie, le paradis est ici à la portée de chacun et de tous et l'homme n'est pas faible et imparfait mais fort et presque parfait.
Cette acceptation du mal, de l'imperfection comme une fatalité, comme un élément inhérent à la nature humaine est un abominable leurre, une illusion maléfique qui ouvre la porte à toutes les déviations, à la justification de tous les crimes, de tous les défauts, de tous les vices. C'est une aberration criminelle entretenue soigneusement par tous ceux qui en profitent.

L'homme est à l'image de Dieu, un être parfait, qui peut devenir imparfait mais par sa propre faute, et celle de l'humanité environnante. L'acceptation du mal comme une composante inévitable de l'homme est une déviation de la réalité naturelle.

Par exemple, et en conséquence de ce que je viens d'écrire, les arabes acceptent de faire le mal, les 'blancs' acceptent de mal faire et les autres un peu les deux. Or, l'homme en naissant ne désire que le bien, l'amitié, l'amour, le partage, la beauté ...

Personne ne veut faire que du bien puisque le mal est 'possible' et attrayant au premier abord.
Personne n'accepte et ne veut être parfait comme l'image de Dieu qu'est l'homme alors que c'est ce dont notre nature a soif.

Oui, la route large, facile et infinie est d'être parfait alors que la route étroite, difficile et terriblement limitée est d'accepter le mal et d'en faire, par action ou par omission.

Les italiens qui m'entourent à présent sont tout sourire, mais ils ne lèveraient pas le petit doigt pour quoique ce soit contraire à leurs intérêts. Hypocrites. Mais c'est partout. Aller, arrivederchi.


"Ce sont les petits oiseaux qui chantent le mieux"



« Le paradis, reprit-il, est caché au fond de chacun de nous ; en ce moment je le recèle en moi et, si je veux, il se réalisera demain pour toute ma vie. Il parlait avec attendrissement, en me regardant d’un air mystérieux, comme s’il m’interrogeait. Quant à la culpabilité de chacun pour tous et pour tout, en plus de ses péchés, vos considérations à ce sujet sont parfaitement justes, et il est étonnant que vous ayez pu embrasser cette idée avec une telle ampleur. Lorsque les hommes la comprendront, ce sera certainement pour eux l’avènement du royaume des cieux, non en rêve, mais en réalité.

– Mais quand cela arrivera-t-il ? m’écriai-je avec douleur. Peut-être n’est-ce qu’un rêve ?

– Comment, vous ne croyez pas vous-même à ce que vous prêchez ! Sachez que ce rêve, comme vous dites, se réalisera sûrement, mais pas maintenant, car tout est régi par des lois. C’est un phénomène moral, psychologique. Pour rénover le monde, il faut que les hommes eux-mêmes changent de voie. Tant que chacun ne sera pas vraiment le frère de son prochain, il n’y aura pas de fraternité. Jamais les hommes ne sauront, au nom de la science ou de l’intérêt, répartir paisiblement entre eux la propriété et les droits. Personne ne s’estimera satisfait, et tous murmureront, s’envieront, s’extermineront les uns les autres. Vous demandez quand cela se réalisera ? Cela viendra, mais seulement quand sera terminée la période d’isolement humain.

– Quel isolement ? demandai-je.

– Il règne partout à l’heure actuelle, mais il n’est pas achevé et son terme n’est pas encore arrivé. Car à présent, chacun aspire à séparer sa personnalité des autres, chacun veut goûter lui-même la plénitude de la vie ; cependant, loin d’atteindre le but, tous les efforts des hommes n’aboutissent qu’à un suicide total, car, au lieu d’affirmer pleinement leur personnalité, ils tombent dans une solitude complète. En effet, en ce siècle, tous se sont fractionnés en unités. Chacun s’isole dans son trou, s’écarte des autres, se cache, lui et son bien, s’éloigne de ses semblables et les éloigne de lui. Il amasse de la richesse tout seul, se félicite de sa puissance, de son opulence ; il ignore, l’insensé, que plus il amasse plus il s’enlise dans une impuissance fatale. Car il est habitué à ne compter que sur lui-même et s’est détaché de la collectivité ; il s’est accoutumé à ne pas croire à l’entraide, à son prochain, à l’humanité et tremble seulement à l’idée de perdre sa fortune et les droits qu’elle lui confère. Partout, de nos jours, l’esprit humain commence ridiculement à perdre de vue que la véritable garantie de l’individu consiste, non dans son effort personnel isolé, mais dans la solidarité.
Cet isolement terrible prendra certainement fin un jour, tous comprendront à la fois combien leur séparation mutuelle était contraire à la nature, tous s’étonneront d’être demeurés si longtemps dans les ténèbres, sans voir la lumière. (...) Mais, jusqu’alors, il faut garder l’étendard et – fût-on seul à agir – prêcher d’exemple et sortir de l’isolement pour se rapprocher de ses frères, même au risque de passer pour dément. Cela afin d’empêcher une grande idée de périr. »

Dostoievski, Les frères Karamazov
Le visiteur mystérieux

http://beq.ebooksgratuits.com/vents/Dostoievski-Karamazov-1.pdf

Si ce qui précède vous a 'plu', lisez aussi les pages 781 à 803 qui sont en quelque sorte la suite de cet extrait.







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(nb: avis à la personne qui utilise Linux & Firefox et qui regarde dix ou vingt fois mes derniers textes à peine ils sont en ligne, à quelques minutes près !!!
c'est pas qu'on est parano mais ça fait bizarre qu''à peine passé en Italie, cette 'personne' y était aussi et kif kif pour la Grèce où je suis depuis 2 jours !!!!!
Si je l'intéresse tant que ça qu'elle me suive pas à pas, elle pourrait se faire connaître car là, ça fait un peu film d'espionnage !)